Marie Borrelli

   Peintre d’art naïf aurait pu être un métier parfait, celui qu’elle voulait faire enfant. Mais très vite, se rendant compte qu’elle n’avait aucun don pour manier le pinceau, Marie lui préféra celui de réalisateur avec sa caméra. Son obsession ne plut évidement, ni à ses parents ni au conseiller d’orientation, car réalisateur, ce n’est pas un métier, encore moins pour une fille et une provinciale habitant Nice.

  Il lui fallut donc attendre, se cacher pour aller au cinéma, sécher les cours pour voir des films et suivre le parcours réglementaire scientifique choisi par sa famille avant de pouvoir enfin faire des études dans une grande école de cinéma, L’Insas à Bruxelles. Là, elle peut s’adonner à sa passion, découvrir avec bonheur le cinéma muet et en hanter la salle de la cinémathèque – avec son pianiste ! de l’ouverture à la fermeture.

  Son diplôme en poche, elle quitte la Belgique et part à Paris. Amoureuse de l’Asie du sud-est, férue de peinture et de littérature Japonaise, elle s’inscrit en fac pour en apprendre la langue – fascinée par la beauté des idéogrammes. Elle s’initie au Coréen pour la même raison.

  Ses études terminées, elle s’envole pour le pays du soleil levant. Elle parcourt le Japon, sur les traces, non pas de ses auteurs préférés, mais de leurs  héros, en esthète absolue, à la recherche du beau. Parallèlement, elle fait du bénévolat auprès de personnes âgées en maison de retraite puis dans une institution pour autistes et enfin travaille dans des plantations de thé à l’épandage du fumier. Riche de ces expériences, elle  rentre en France et tourne son premier film à Nice, une fiction.

  Au gré de ses sujets, elle passe de la fiction au documentaire. Marie aime avant tout raconter des histoires, saisir l’âme humaine dans tous ses plis. De films en films, si les sujets changent, le sillon tracé en filigrane reste le même : saisir le temps qui passe, l’enfance des choses et des êtres.

  Profondément marquée par sa région, sa lumière, comme le furent de nombreux peintres en leur temps, elle s’efforce d’ancrer ses choix de réalisation au cœur de celle-ci.